Les tribulations d'un papa qui se prenait pour une maman

Je l'ai découverte quand j'étais enfant.

Nichée au cœur du village, elle avait abrité l'enfance de Lucien..

En plein mois d’août la chaleur était écrasante. Le marché couvert protégeait de son ombre les badauds attirés par les boniments des camelots. En face, un café aux murs épais et au plafond très haut enveloppait les clients de sa fraîcheur. Les boiseries anciennes donnaient du cachet à la salle et mes yeux d'enfant lui donnait mille ans.

Sur la place, dans l’église se trouvait le trésor du village. Un vrai Rembrandt que l'on pouvait admirer en grimpant sur un escabeau après avoir été cherché un jeton qui déclenchait l'éclairage du tableau.

En suivant les ruelles on se retrouvait devant la Garonne.

Sur le canal qui longeait le fleuve, une écluse régulait le trafic fluvial. Nous regardions les péniches une brindille à la bouche en rêvant de voyages.

Pas loin de la maison il y avait un petit commerce. Tout le village s'y servait avant l’avènement des supermarchés. Moi, je rêvais devant les bandes dessinées

La maison était composée de deux appartements où vivaient sa mère et sa grand-mère. À l'arrière il y avait l'atelier du papa, je n'ai appris que plus tard qu'il était forgeron, ça sentait l'huile de machine et des dizaines d'outils mystérieux étaient rangés sur l’établi.

Il était déjà parti avant que je ne découvre la maison, mais on sentait encore sa présence dans son atelier.

Le village sentait bon le sud et les personnages de Pagnol pour mes yeux venus du nord.

Quand je regarde le tableau que ma mère a fait de cette maison je sens encore la chaleur écrasante du soleil et je revois les péniches passer devant mes yeux d'enfant...

Il devait faire bon grandir dans ce village là...