Les tribulations d'un papa qui se prenait pour une maman

Les tribulations d'un papa qui se prenait pour une maman

Rentrée au collège.

 

 

 

 

Comme à chaque changement important de ta vie, tu angoissais.

Certains pourraient te trouver timoré pour employer un terme amical, moi je trouve qu'il est plus intelligent de s’inquiéter face à un grand changement, plutôt que de se croire supérieur et penser que tout nous est dû.

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Dans la file d'attente tu essayais de capter le regard de ta mère ou le mien, des larmes embrumaient tes yeux et tu avançais à petits pas vers la professeure qui faisait l'appel de ta classe.

 

A ce moment j'ai eu juste envie de te récupérer et de rentrer te réconforter. C'est bête des fois un papa...

 

La journée est passée et tu avais réussi l'épreuve : tes premiers pas au collège.

Tu étais revenu plus serein, rassuré à l'idée que tu pouvais te trouver une place dans cette grande école.

 

Pendant ce temps là, moi aussi j'avais à faire. La journée je courais après « mes Pépés » comme tu les appelais. Je n'avais pas le temps de m’inquiéter, du moins pas trop...

 

Ta mère s’était fait une raison et voyant que s'il fallait faire un choix tu te tournerais vers moi, elle avait proposé de continuer la garde alternée.

 

Je n’étais pas dupe et savais très bien que si tu t’étais tourné vers elle, elle ne m’aurait laissé que des miettes.

La vie est ainsi faite il faut savoir être tolèrent et certaines défaites ont un goût de victoire.

 

Il y a quelques mois je croyais tout perdre et là je reprenais espoir.

Notre amour était plus fort.

 

Tu me questionnais sur mon travail et une des choses qui te surprenaient le plus c'est que je voyais mes pépés tout nus... Bé oui mon p'tit prince on ne sait pas laver les pépés habillés.

 

Tu semblais rassuré toi aussi que j'ai trouvé ce travail.

 

Une des dernières innovations de cette rentrée c'est que j'acceptais de te laisser la console branchée sur internet dans ta chambre. Oh ! bien sûr pas sans surveillance, je regardais régulièrement ton historique (c’était le deal) si tu allais là où il ne fallait pas, elle retrouverait sa place dans la salle.

 

Comme à ton habitude tu as fait les choses bien. Tu jouais avec tes copains d’école en ligne.

Tu regardais des vidéos de Mincraft rien de plus et surtout rien de dérangeant.

 

Le soir je te ramenais à la maison nous goûtions et je repartais pendant une heure et demie pour continuer mon travail. Tu faisais tes devoirs en m'attendant et tu jouais un peu.

 

Tout cela semblait facile tu t’habituais à notre nouveau rythme et te montrais bien plus mature que je ne l'imaginais...

 

Côté finance ce n’était pas facile, je gagnais une misère, et le fait d'avoir dû acheter toutes les fournitures scolaires avait grandement empiété mon budget.

 

Nous faisions avec ta mère un roulement pour les achats de fournitures : une année sur deux. Le fait que beaucoup des affaires étaient achetées pour plusieurs années n'avait rien fait.

 

C’était à nous de payer mon p'tit cœur, on a mangé des pâtes mais on a gardé la tête haute...

 

Comme je suis le seul à habiter dans le département, la cantine est à mon nom, j’ai eu même le droit à une bourse, ça allégeait un peu le porte monnaie. J’étais un peu gêné car je ne t'avais qu'à mi-temps et je trouvais pas cela très honnête. Mais bon, quand on est dans le besoin on ne fait pas la fine bouche. De plus j’éprouvais une certaine fierté à payer seul la cantine.

 

La semaine où tu n’étais pas là je partais le matin à huit heures, pour rentrer à vingt.

À ton retour le vendredi, j’étais la plupart du temps en miettes, courbaturé de partout. Malgré tout le fait de retrouver la vie active me remettait dans une dynamique positive.

 

Voilà aussi pourquoi j'ai arrêté de t’écrire durant un moment mon p'tit homme. Je passais mes journées à m'occuper de mes « pépés » et lorsque je rentrais je n'avais plus la force de rien à part m’allonger sur mon canapé et m'endormir sans avoir l’énergie de me faire à manger la plupart du temps.

 

Heureusement mon planning était un peu allégé les semaines où tu étais là, de plus ta présence me donnait du courage.

 

Nous avons entamé l'année ainsi, cahin-caha, heureux d’être encore ensemble.



14/11/2016
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