Les tribulations d'un papa qui se prenait pour une maman

Tu grandis plus vite que je ne le pensais.

Ça passe vite dix ans !

 Ton enfance pèse moins. Tu investis ta chambre et cherche de l'indépendance. Nous avons déjà parcouru la moitié du chemin vers l'âge adulte.

 Je commence à sentir quel homme tu seras. Dans tes mots, tes réflexions, ton caractère perce derrière l'enfance. Tu auras sûrement de l'humour et beaucoup de douceur.

Tu es déjà intelligent et vif.

Il nous reste l'autre moitié du chemin. J'ai hâte de te voir évoluer et entrer dans ce monde. Je ne ressens aucune nostalgie quand je revois ton enfance, même si j'en ai adoré chaque instant.

Il me tarde de voir la suite de l'histoire.

 Mais reste à savoir si la vie te laissera exploiter tes capacités ou bien si la dureté du monde t'en empêchera

 La plus grande peur que j' ai pour ton futur, c'est l’état de la société.

Cet individualisme forcené qui cantonne les gens derrière leurs écrans les éloignant de plus en plus de la réalité, ce manque de réaction face à la montée des communautarismes, me terrorise.

Tu vas grandir dans une société repliée sur elle même sans empathie où l'image est reine, les idées condensées en quelques lignes sur les réseaux sociaux.

J'ai mal de penser que tu n'auras pas la même liberté que celle que j'ai eu pour affirmer tes idées et tes révoltes d'adolescent, influencé comme tu le seras par les pubs ciblées et les techniques de recoupement de tes données personnelles. Tu seras décrypté et aiguillonné par de grandes firmes à penser et à consommer comme « ils » le veulent.

Je te titille, te pousse à la réflexion et à l' insoumission par principe.

Pourtant je sais que ce ne sera pas suffisant.

Peut être te restera t-il, adulte, un peu de mon regard sur le monde.

Comprendras-tu, alors, que la seule vérité qui compte est celle qui trouve place dans ton cœur et épanouit ton esprit ?

Mais là ce n'est déjà plus notre histoire mais la tienne...