Les tribulations d'un papa qui se prenait pour une maman

Les tribulations d'un papa qui se prenait pour une maman

Chapitre 3

 

Nous vivions dans l'incertitude. Qu'allais je faire lorsque je devrais rendre notre appartement  après les 3 mois de préavis que nous imposaient les propriétaires.

Ta mère avait prévu son départ et s’était arrangée pour que je n'ai pas le temps de me retourner.
Trouver de quoi nous reloger en si peu de temps, vue ma situation financière, me semblait impossible. Nous vivions tous deux dans les vestiges de notre ancienne vie.

Nous nous promenions au parc, en ville ou simplement nous nous faisions des câlins sur le lit, et alors plus je te faisais voler haut dans mes bras plus la chambre résonnait de tes rires.

Je prenais chaque moment passé ensemble comme un don du ciel. La nuit, je maudissais ta mère du tour qu’elle nous jouait.

Au travail, j'entendais des murmures dans les couloirs. Nous ne pouvions cacher notre rupture.
Tous croyaient que mes yeux rougis et mon air taciturne venaient du fait que j'avais perdu ma « belle blonde ». Seuls mes proches savaient que c’était tes absences que je pleurais.

Dans un environnement surtout féminin, il était difficile de faire comprendre que tes absences p'tit cœur me dévastaient. Les hommes c'est bien connu ne s’attachent pas autant à ces « petites bêtes là » que les femmes et il était plus naturel pour mon entourage professionnel de penser que je pleurais le corps de ta mère plutôt que ton absence. C'est bien connu les hommes ne pensent qu' à ça !

Les week-ends, lorsque je ne travaillais pas, nous rendions visite aux collègues, leurs préjugés commençaient à tomber et la situation de ta mère devenait moins confortable.

On commençait à me trouver attendrissant, l'amour que nous nous portions crevait les yeux.


  C'est à ce moment là, que je me suis rapproché de Laurence. Une grande brune venant de Bretagne qui était ma collègue directe. Nous étions inséparables au travail et commencions à le devenir dans le privé. Elle était cultivée, volontaire, et nous nous entendions comme larrons en foire.

Sans ta présence, et celle d'un frère très envahissant nous aurions eu de bonnes chances de finir nos jours ensemble.

Mais il y a des choses que seuls les fils et filles de divorcés peuvent savoir sur les effets d'une séparation. Ses principes d’éducation étaient bien trop stricts pour nous. Mais nous verrons cela plus tard.


« La torture » quotidienne de tes absences et l’angoisse de devoir te « rendre » à ta mère lorsque je n' aurai plus de maison devenaient de plus en plus présentes. Bref la vie continuait.



Un week-end nous sommes partis dans l’Oise pour assister au départ à la retraite d’une amie de mémé. Nous avions passé une journée idyllique. Tu avais joué avec d’autres enfants, tu tirais une petite brouette et remplissait des récipients d’eau, attendrissant les adultes sur ton passage. Mémé était aux anges de pouvoir profiter de toi.

Le soir venu nous sommes repartis vers notre « chez nous ».

Arrivés à la maison, après t’avoir couché, je me suis installé sur la chaise longue qui me servait de fauteuil,  pour me détendre cinq minutes devant la télévision.

La chaise s’est affaissée sous mon poids et en voulant me retenir, mon annulaire gauche est passé entre les deux montants de bois m’épluchant littéralement le bout du doigt. Je voyais  mon os dépasser d’un amas de chair rougie.


Je fus pris de panique en me rendant compte que je me trouvais loin de mes proches, seul avec toi et la main en charpie. Cette angoisse a éclipsé ma douleur. Tu dormais. Je suis descendu voir la voisine qui a failli tomber dans les pommes quand elle a vu l’état de ma main.

Elle t’a surveillé le temps que j’aille aux urgences avec le bout de mon doigt dans un sac à congélation et ma main enroulée dans du papier toilette.

Après maintes discutions avec l’interne qui voulait que je me fasse opérer sur le champ, il m'a sommairement soigné le doigt. Puis je suis rentré chez nous, shooté par ses bons soins, espérant que tu ne te sois pas réveillé.

Tu dormais comme un bien heureux et ne t'étais rendu compte de rien. J'ai attendu le matin en faisant les cents pas dans le salon craignant que la douleur ne devienne insupportable.

Je t’ai ramené chez ta mère le lendemain aux aurores pour aller me faire amputer le bout du doigt.

Tu as été très attentionné le temps de ma convalescence, tu répétais souvent «Faut faire attention à papa il a bobo à la main». Tu te faisais léger comme une plume pour m’aider à prendre soin de toi. 

Au travail tout le monde compatissait. Ma situation et ma blessure rendait touchante la volonté que je mettais à te chouchouter. Ça faisait enrager ta mère de me voir entouré par  ces dames qui commençaient à éprouver de l'empathie pour moi, et je dois dire que ça tête bougonne lorsque je la croisais au travail me faisait sourire intérieurement.  

 



06/03/2015
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