Chapitre 4
Un chez nous…
Si nous avons eu un toit, petit cœur, c’est grâce à Laurence qui a fait jouer ses relations pour me trouver un appartement à Evry.
Mais avant d'être débarrassé de mes angoisses et de notre ancienne vie, il y avait un dernier rituel à passer: la remise des clés et le nettoyage avant l'état des lieux
Nous nous sommes donc retrouvés avec ta mère devant l'appartement. Elle avait une tenue blanche du plus bel effet et pareille à toutes les ex, était tentante comme une boulangerie fermée.
Elle m' a raconté que son idylle était terminée. “Mr écran plat” ne semblait pas enchanté et trouvait que je lui avais donné de mauvaises habitudes.
Nous avons fait le ménage, signé les papiers et chacun est reparti.
Je n'ai pas vu qu'elle était vulnérable, peut-être se posait-elle des questions, c'est la seule fois où elle m'est apparue aussi fragile. Pour une histoire de susceptibilité masculine, j'ai certainement gâché l'occasion d' une vraie discussion avec elle.
Connaitre un peu mieux l’inconnue qu'elle devenait à mes yeux et avec qui j'allais t'élever.
Nous n'étions pas fait l'un pour l'autre. Nous n'avons qu'un point commun: nous t'aimons.
Bon d'accord pas de la même façon.
Délivré de mon passé, je me tournais vers mon avenir...
Sophie ou Laurence?
Je m'entendais très bien avec Laurence et j'aimais bien Sophie.
L'une était petite, sensuelle et juste assez écervelée pour attirer les hommes. L'autre plus profonde ne se laissait pas approcher facilement.
Un jour, je suis arrivé chez Laurence. Durant la soirée j'ai senti à la lumière des ses pas, par quelques regards échangés porteurs de promesses, qu'elle me brûlait les lèvres... Quand la soirée s'est terminée, nous n'avions pas envie de dormir. J'ai compris dans sa voiture roulant vers Paris que cette soirée allait compter pour nous.
Nous nous sommes rejoints spontanément. C'est avec le sourire que nous nous sommes embrassés un peu timides, conscients que nous bouleversions notre relation à tout jamais.
J'ai senti dans son regard quelque chose de plus intense, une petite flamme qui brillait aussi dans mes yeux, nous nous étions trouvés, nouveau l'un pour l'autre et pourtant si familiers.
S'enlacer, en rougissant (parce que ça compte) au milieu de la foule, fut un de ces petits instants parfaits que l'on garde dans sa poche à secrets pour les tristes journées.
J'ai passé le reste de la soirée sans vraiment l'écouter. Je redécouvrais son visage, je m'imaginais l'embrasser ou la caresser du revers de ma main.
Ce fut le plus tendre et le plus doux de mes premiers instants avec une femme. Une évidence.
Nous n'avions qu'un défaut, nous ne savions pas nous aimer en silence, tel l'eau et le feu nous avons fait bien des remous.
Le déménagement fut “folklorique”. Moi que l’on appelait généralement pour ma force dans ces cas là, je fus relégué au rôle d'inspecteur des travaux finis. Ma blessure m’empêchait de porter quoi que ce soit. Je n’étais qu’un spectateur. Tu tournais autour des gens qui portaient nos affaires toute excitée d’aménager notre nouvelle maison. L'appartement avait un couloir qui partait de la salle pour y revenir en desservant toutes les pièces, tu l'empruntais sans cesse en riant et n'en démordais pas “C'est la chose la plus cool de cet appart!”. Pour moi ce qui était le plus cool c'était le parc et son toboggan, mais il faut bien avouer que la voir “délirer” dans mon couloir n'était pas mal non plus.
Je savais déjà que trouver une place pour tous les deux dans mon cœur ne serait pas chose facile, mais à cet instant je ne voulais voir que mon bonheur.
Une fois le déménagement fait, tu es parti en vacances avec ta mère. Je suis resté un mois dans cet appart à attendre ton retour.
Laurence et moi étions inséparables, un cercle restreint connaissait la nouvelle, tous les autres s'en doutaient.
J'ai appris la chaleur de sa présence, les expressions de son visage mais j'ai aussi découvert ses failles, celles que l'on dit sur l'oreiller. Toutes les piqûres narcissiques qui ont émaillé son enfances et qui la rendait plus réelle à mes yeux. J'ai aussi rencontré sa partie plus sauvage quand elle allumait ses bougies...
Les forêts nous tenaient compagnie et nous pouvions marcher longtemps pour le plaisir d'être ensemble. Quand c'est neuf, il y a tout à inventer et nous nous employions à apprendre à compter pour l' autre.
Durant ce mois nous avons vu ce que la vie aurait été si nous nous étions rencontrés à 20 ans. Nous avions chacun un passé, des blessures et des valises à porter.
Elle avait ce besoin qu'ont beaucoup de femmes de devenir mère. Nous voir tous les deux, attachés l'un à l' autre, même si elle t'aimais beaucoup, a du être un crève cœur.
Je suis sûr qu'elle fera une “chouette” maman. .
Pour le moment nous rêvions et profitions de la vie...
Je veux que tu saches que j'ai eu une belle vie d'homme jusqu'à ton arrivée, et une merveilleuse vie de père depuis. Simplement, je ne sais pas mélanger les genres...
Puis tu es revenu, pour partir chez mémé, avant tes premiers pas à l’école...
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