chapitre 8
Une voiture pour nous p’tit cœur!
Nous commencions à être connus dans la cité. Lorsque nous allions faire les courses les passants nous suivaient d'un regard attendri. Dans les parcs, plein d'entrain tu jouais avec les enfants. Je te surveillais et t'aidais dans tes exploits, fier comme toutes ces mamans qui surveillaient leur progéniture sur les bancs.
Notre vie à deux me comblait. Souvent les adultes qui nous entouraient me disaient à mi-mot que je devais me changer les idées. je ne pouvais m’épanouir ainsi, dans ton monde enfantin.
Les semaines sans toi, j’essayais de penser à autre chose, je passais beaucoup de temps chez Laurence, Elle m''accueillait le vendredi pétri de souffrance et m’aidait à supporter ton absence.
Un jour, mémé m'a téléphoné pour me dire qu’elle allait m’acheter une voiture pour Noël. Je ne savais plus quoi penser de tout cela. J’avais l’impression de ne pas mériter l’attention que tout le monde me portait. De plus j’avais très peur de reprendre le volant, Je ne savais pas si j’en étais capable.
Comme je ne trouvais plus d’assurance bon marché à cause de l’accident, Mary Louise m’a proposé de la prendre à son nom. Cela réaffirmait ma dépendance envers elle. Sa litanie sur son mari revenait. Elle me fournissait de l’herbe qu’elle faisait pousser chez elle, Je crois que par toutes mes actions, lorsque tu n’étais pas là, je cherchais à revivre la vie de Nathalie. Je n’acceptais toujours pas sa mort. J’enrageais que tu n’aies pu la connaître et de ne pas avoir été à Compiègne le soir de sa mort…
Cette année tu ne serais pas là pour noël. Cela augmentait ma souffrance. Te savoir loin pour cette fête de l’enfance augmentait ma frustration . Ta mère, que tu acceptais avec tant de réticence avait la vie belle. Du moins c'est ce que je ressentais,
Nous avons été visiter la maison du Père Noël en bus . J’essayais de vivre avec toi ce que je ne vivrais pas durant les fêtes.. Tu t’émerveillais devant la magie des vitrines animées.
J’ai passé Noël au travail, essayant de donner aux déficients mentaux un peu de la magie que j’aurais rêvée te faire partager. Puis nous sommes partis chez mémé en TGV pour la deuxième partie des vacances. A la gare, tu t’émerveillais devant les trains et la foule. Pendant le voyage, tu regardais les vidéos sur notre ordi, et tu piétinais dans les couloirs en attendant de voir ta grand-mère, ton impatience était grande...
Mémé avait décoré sa maison et le sapin clignotait dans la salle. Nous avons fait un repas de fête, mais « après-l’heure c'est plus l’heure ». entre le voyage et le plaisir des retrouvailles, le sommeil s'est emparé de toi et t'a emporté dans la chambre bleue.
Le matin, tu as ouvert les cadeaux que le Père-Noël avait laissé pour toi et tu t'extasiais.
Chaque jour, mémé te faisait faire de la peinture, des jeux, te lisait des livres, on ne refait pas une institutrice même en retraite. Pépé musique te racontait aussi des histoires, il se rapprochait petit à petit, même lui tu réussissais à le faire fondre.
Encore une parenthèse dans la vie troublée que nous menions. Un moment où loin de la tristesse de notre quotidien, je reprenais un peu de force.
Nous passions la semaine à nous faire bichonner. La ville d’Agen devenait petit à petit notre lieu de villégiature. Nous commencions à connaître ses parcs, ses rues et ses magasins. Toi souvent sur mes épaules et mémé à côté qui photographiait le moindre de tes gestes, nous fabriquant des souvenirs heureux..
Je repensais à Tarbes, la ville de mon enfance, et Agen devenait pour toi celle du bonheur et de notre insouciance. Lorsqu'il n’y a rien à faire qu’à flâner et apprécier l’instant , comme la vie semble facile !
Je n'ai pas compris tout de suite que ma mère pouvait être si importante pour toi, Pourtant, elle allait être le même repère que ma grand-mère l'avait été pour moi..
C'était un choc, mais il fallait me rendre à l'évidence, la vie continue et personne ne connaît les règles à l'avance !
Nous profitions de ces moments avec délectation.
Nous avons été voir notre voiture. Elle était en très bon état et avait été trouvée par le fils de pépé. Dans la ville nul besoin de véhicule, elle dormait donc dans un parking jusqu'à notre départ.
Nous sommes repartis de jour. Mémé n’aurait pas survécu nerveusement à un autre trajet de nuit. De toute façon, je n’étais pas suffisamment sûr de moi pour le tenter. Pépé musique nous avait fait une K7 audio de comptines pour t’occuper durant le trajet. Je n’étais pas fier au moment de prendre le volant.
Malgré tout je me sentais de nouveau libre, Je n’avais plus à dépendre de mon entourage pour mes déplacements. Cela allait changer les choses dans mes relations avec ces dames.
J’ai réussi à faire la route sans trop d’angoisse, moins que je ne le redoutais. Nous écoutions la musique, regardions la France défiler devant nous et prenions confiance en l'avenir dans notre petite voiture.
Nous revenions plus fort vers notre vie,
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