Chapitre 9
Même tata Martine s’en mêle…
J’ai appris qu'elle aussi depuis les Etats Unis ( tata Mac Queen comme tu la surnommais, car elle t’envoyait des voitures du film « Cars » ) avait participé à l'achat de la voiture.
Elle avait été élevée par nos grand-parents que nous appelions affectueusement « maman Ninou » et « papa Jeanot ». Nos parents n'avaient que dix-neuf ans à sa naissance. Pour avoir un poste d'instit, il fallait partir dans le Nord. Ils ont été nommés dans l' Oise et tout naturellement, Nanou et Jeanot ont proposé de la garder le temps de l'installation. Mais avec l'arrivée un an après de Nathalie, le provisoire a duré plus que prévu. La dépression de Jeanot ensuite n'a rien arrangé. Cela reste flou dans mes souvenirs, c'étaient des « histoires de grands »...
Toujours est-il que nous n’avions pas été élevés ensemble, même si je l’aimais tendrement notre relation n'avait jamais eu le temps de s’épanouir. Enfant, nous ne nous voyions que pendant les vacances scolaires. Elle a cinq ans de plus que moi et lorsque j'arrivais à Tarbes elle était avec des plus « grands » et nous ne nous côtoyions pas beaucoup.
A dix-neuf ans, après une année de Fac à Pau, elle est partie aux Etats-Unis pour oublier la fin tragique de sa première histoire d'amour.
J'ai de très bons souvenirs de nos retrouvailles dans ce pays lointain.
Nous nous sommes croisés, éloignés, retrouvés mais jamais longtemps. La distance ne facilite pas les relations.Elle a toujours représenté pour moi le bonheur que je n’ai pas eu. J’avais rêvé bien des fois d’être élevé par maman Ninou, plutôt que de devoir supporter notre famille recomposée.
J'étais donc étonné qu'elle se soit impliquée autant pour m'aider.
La mort de Nathalie l’avait secouée elle aussi et elle voulait je pense m'éviter le pire.
Elle allait être pour toi p'tit cœur, une alliée indéfectible. Tu la découvrirais fin juin au cours d’un périple qui lui ferait faire le tour de sa famille française.
Le début de l’été allait être très chargé car après la visite de Martine, nous allions « descendre » à Agen.
Cette perspective me permit de mieux supporter tes absences pendant les quatre mois qui nous restaient avant de voir tout ce p’tit monde.
Le temps passait et vint enfin le jour d’accueillir Martine et cousine Gigi , une adorable adolescente pleine d’humour, douée pour les arts, avec un coup de crayon fantastique. Le genre de personne que l'on ne peut qu'aimer.
Elles sont donc arrivées fin juin, et sont tout de suite tombées sous ton charme. Elles nous ont couverts de cadeaux, ont partagé notre quotidien, nos balades dans les parcs, nos jeux et nos rires. Martine a aussi discuté avec moi pour m’aider à redresser ma situation financière qui périclitait de nouveau. On a beau faire, quand on dépense plus que l’on ne gagne, on s’enfonce petit à petit. Elle m'a aidé à remettre de l’ordre dans mes comptes et à clarifier ma situation.
Un midi nous nous sommes fait livrer des pizzas dans le parc de la cité. Nous avons fini entourés d'enfants du coin quémandant quelques bouchées que tu distribuais fièrement. Il y avait tant de sérieux dans tes offrandes, que l'on voyait bien que la notion de partage était une chose importante à tes yeux.
Martine nous a laissé de l’argent pour que je change le roulement de la voiture. Comme à mon habitude, je n'ai pensé qu'à toi et je me suis empressé de t'acheter un lecteur DVD portable, pour que tu puisses voir tes petits films dans le train qui nous mènerait chez mémé. Au lieu de faire les choses raisonnablement, ma politique du tout pour toi me poussait souvent à agir à l’opposé de nos intérêts. Mais tu étais si content de cette « petite télé » que je me disais que le roulement attendrait. Cela faisait si longtemps que je n’avais pas eu cent-vingt euros en liquide que la somme m’avait brûlé les doigts. Tans pis pour la voiture ton sourire valait bien des sacrifices.
Martine m’a apporté tout son amour et elle a pris une grande place dans mon cœur. Depuis la mort de Nathalie je me sentais si seul !.
Cela est paradoxal car je ne la voyais pas beaucoup mais nous avions un passé commun et je pensais qu’elle était la seule à réellement me comprendre.
Tata Mac Queen m’a écoutée et s’est racontée à moi. Nous avons rattrapé le temps perdu. Lorsqu’elle est repartie, elle était plus importante à mes yeux qu’elle ne l’avait jamais été.
C'est étonnant les liens familiaux même si l'on ne se voit pas beaucoup on fait parti de la même histoire.
Nous sommes il est vrai les trois seuls survivants de cette famille, Martine notre mère et moi . Les derniers témoins de l'histoire...
Petit à petit, notre famille se ressoudait.....
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