chapitre 7
Mais malgré leur précieuse aide, toute dépendance a ses revers.
Je continuais à penser que la relation entre Laurence et moi était néfaste pour toi Je préférais ne pas vous mettre trop souvent en présence l’un de l’autre.
Dès que tu étais là, la question de la place de chacun se posait de façon récurrente. Elle voulait t'imposer des règles de vie, elle était l'adulte et tu devais respecter ses directives.
Je n'arrivais même pas à le comprendre, Je me sentais si bien en ta présence.
À mes yeux tu ne pouvais pas découvrir le monde tout seul et ta curiosité immense avait besoin de moi en cette période de ta vie, en tous cas. Je pensais que tu n'avais pas besoin de règles strictes d’éducation, cela ne ferait que te brider, t’empêcher d’évoluer, tu marchais à l'amour.
Nous étions séparés une semaine sur deux. Quand ta mère venait te chercher, tes pleurs au moment du départ me vrillaient le cœur mais il fallait suivre les règles de notre séparation. Le manque m'était insupportable et envahissait tout mon être, te voir pleurer et « me demander les bras » était terrible.
Il m'a fallu t'expliquer que ta mère t'aimait aussi et qu'elle avait des droits. Nous aurions eu de gros problèmes à ne pas les respecter.
Tu as ravalé ta tristesse et cessé de pleurer. « Faut pas que papa aille en prison » disais tu..
Ajouter à cette situation les exigences de Laurence était insupportable. Je devais transiger.. Il fallait réfléchir à la place qu'elle devait avoir dans notre vie. Nous contenions notre tristesse, et n' étions pas capable de nous plier à ses contraintes. Après l'avoir un peu testée, comme le font tous les enfants , tu ne lui as jamais manqué de respect ...
C’est à ce moment que j’ai pris l’habitude de te porter sur mes épaules partout ou nous allions. Tu me le réclamais tout le temps : tu criais « à dada sur mon papa »jusqu'à ce que j’obtempère. Lorsque je ne travaillais pas, nous partions en bus nous promener. Je t’achetais des jouets tous les week-end dans un hyper marché desservi par la ligne de bus qui passait devant chez nous. Je compensais ma culpabilité par ces achats.
Entre la nourrice et toutes les dépenses de la vie quotidienne, j’atteignais mon autorisation de découvert dès le début du mois. Financièrement, Je m’enfonçais toujours. L’angoisse de ne plus pouvoir subvenir à tes besoins revenait, ma culpabilité croissait au fil des jours, j’étais encore plus mal en point que lorsque je cherchais un appart.
Mes vieux démons revenaient.
Une soirée bien arrosée chez marylouise...
Nous partagions pas mal de choses à cette époque. Je l' accompagnais régulièrement voir sa fille qui, semble t-il, m'avait accepté,
J'aimais bien son dynamisme et l'impression d’assurance qu'elle dégageait.
Un soir après un repas un peu arrosé, elle m' a parlé de l' aversion qu'elle éprouvait pour son mari, De façon très perverse, connaissant mes besoins d'argent, elle faisait miroiter les avantages que nous aurions tous les deux face à une telle éventualité. Il s'agissait certainement de chimères, elle défoulait sa frustration, à n'en pas douter.
Je pense avoir toujours eu le chic pour rencontrer des « personnages pittoresques » mais là je battais les records.
J’étais si désespéré que cette idée me permettait de m’imaginer sortant de mes problèmes et curieusement cela m’apaisait tout en sachant que cela ne se produirait jamais.
Je ne lui ai plus reparlé de cette discussion, j’avais besoin de son soutien pour continuer à me rendre à mon travail.
J’étais totalement perdu.
Pour la Toussaint mémé est venue nous voir. Elle s’était mis en tête d'organiser notre intérieur.
Elle venait voir régulièrement les enfants de Nathalie depuis son décès. Elle voulait passer nous voir en redescendant.
Lorsqu’elle est arrivée à la maison, elle a compris la détresse dans laquelle nous étions. Sans machine à laver et avec mon doigt qui me faisait encore souffrir, j’étais obligé de laver à la main . Il y avait du linge mouillé qui tentait de sécher mais ne pouvant pas réellement l’essorer l’atmosphère était humide. Il me fallait beaucoup de temps pour faire la moindre tache quotidienne. De plus, tu venais de vomir et le docteur arrivait en même temps qu’elle.
La situation était catastrophique.
Elle nous a acheté une machine à laver et un sèche linge, et a rendu notre intérieur viable. Nettoyage, rangement, décoration tout paraissait simple avec elle mais il s’agissait d’un travail herculéen. Une foi son œuvre effectuée je ne reconnaissais plus mon intérieur. Tout était propre et fonctionnel alors qu’il n’y avait avant que poussière et désolation. Crois moi p’tit cœur je n’exagère pas.
Nous avons ensuite été t'acheter une chambre. Tu l'as choisie sans bien comprendre et je l'ai reçue et montée dans la semaine.
Elle a aussi trouvé dans mon foutoir les relances de mes déclarations d’impôts non réglées qu'elle a payée.
Elle m’a offert un cadeau plus précieux encore, la preuve que j'étais sa priorité car elle n'a eu besoin d'aucune permission elle a juste expliqué la situation et vu avec Lucien comment elle pouvait le faire. Je me suis senti exister. Nous avons commencé à redevenir réellement une famille.
J'étais important à ses yeux !
Ce n’était pas une question d’argent elle avait apaisé mon cœur. Je n’en étais pas encore conscient mais ce qu’elle avait fait transformait notre relation.
Oh !, bien sûr on ne guérit pas si vite des blessures de la vie, mais c’était le début du chemin.
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