Les tribulations d'un papa qui se prenait pour une maman

Ce matin, je bois mon café chez le petit chinois en bord de Seine.

A côté de moi, un monsieur me raconte des trémolos dans la voix, qu'il a involontairement tué un homme.

Voilà son histoire: Un piéton s'est jeté sous ses roues et il n'est pas en tort, cela s'est passé devant le poste de police et tous les témoins le dédouanent, bref pour lui c'est un terrible concours de circonstances.

Dans ma tête des images fusent et j'imagine sa culpabilité, l'impression d'être les ciseaux qui ont coupé le fil d'une vie. La bière qu'il sirote doit être sa médecine....

Je me montre compatissant face au drame qu'il est entrain de vivre.

Son procès approche mais il n'est pas inquiet car les policiers vont témoigner en sa faveur.

J'approuve, le verdict sera pour lui un constat public de son innocence et lui permettra de se reconstruire.

Se sentant en confiance, il m' explique que son réel problème est plutôt son assurance, elle a augmenté et ce jugement lui permet de faire pression sur son assureur pour récupérer ses 50% de bonus.

Il ajoute même, très fier, avoir réussi lors d'un précédent sinistre, à se faire rembourser des objets de son appartement qui n'existaient pas.

Je me replonge dans "le parisien" pour terminer ma grille de SUDOKU.

Il me fait un clin d’œil complice, se lève et dignement annonce "j'y vais".

Je me dis qu'il est aussi "con"qu'une paire de ciseaux. Ça coupe les fils et ça ne se demande pas pourquoi, une paire de ciseaux !