Les tribulations d'un papa qui se prenait pour une maman

Les tribulations d'un papa qui se prenait pour une maman

Le petit monsieur du premier...

Dans ma cage d'escalier, il y a un petit monsieur très digne et respectueux des autres.

IL travaille de nuit pour une entreprise de sécurité. Je le croise régulièrement le week-end à la boulangerie ou au petit supermarché. Il a toujours un sourire et un mot gentil pour mon fils, une poignée de main franche et sincère pour moi.

 

Le matin du 8 janvier je l'ai croisé alors qu'il revenait du travail. Les yeux rougis et le regard fuyant il s'est engagé dans son appartement avant que je n'ai pu lui faire un sourire et le saluer.

 

Je suis resté quelques secondes perplexe, me demandant ce qui lui arrivait.

 

Le week-end suivant, je l'ai croisé dans la boulangerie avec une de ses trois filles. Il paraissait en retrait et mal à l'aise, lui qui d’habitude avait le regard lumineux et plein d 'amour lorsqu'il se promenait avec un de ses « 3 anges » comme il aime à les appeler.

 

J' ai attendu qu'il ait fini d'acheter son pain devant la porte de la boulangerie, puis à sa sortie je l'ai salué chaleureusement, en insistant bien sur le sourire que je lui faisais, pendant que p'tit coeur tendait son sachet de bonbons à sa fille, une de ses copines de jeux dans le petit parc en bas de l’appartement.

 

Tout d'abord surpris, il m' a rendu ma poignée de mains.

 

Marchant côte à côte, nos enfants chahutant devant nous, il m'a expliqué le malaise qu'il ressentait.

Son incompréhension face à ce que l'on avait fait à Charlie hebdo. La peur de voir les gens faire l' amalgame entre lui et ces fous.

 

Il m' a raconté qu'il avait été pris à parti à son travail par deux jeunes « cons » qui, en le voyant avait clamé « les terroristes sont partout » et l'avaient insulté. Il m' a expliqué la peur qu'il ressentait pour ses filles et sa femme devant la montée des communautarismes.

 

Que répondre à cela ?

 

Je me suis contenté de lui sourire tristement et j'ai montré nos enfants : « Regardez mon petit blond, depuis 5 ans il partage ses jeux avec vos trois filles, parlez lui de racisme il ne vous comprendra même pas ».

 

Depuis lorsque je le croise dans la cage d'escalier, je vois bien qu'il est moins jovial qu'avant, mais son sourire et la chaleur de sa poignée de mains à mon égard sont revenus. C'est un petit pas, mais pour moi c'est important.

 

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27/02/2015
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