Les tribulations d'un papa qui se prenait pour une maman

Depuis que nous sommes arrivés à Evry, mon fils et moi avons l'habitude de passer du temps sur l'esplanade du petit centre commercial, au dessus de chez nous.

La boulangerie et sa ribambelle de douceurs, les gâteaux du dimanche et la gentillesse des vendeuses.

La petite épicerie reprise dernièrement par un couple qui lui a donné une deuxième vie.Ils ont tout réorganisé en arrivant et je n'ai pas été le seul de leurs clients à chercher mes repères. C'est un peu l'oasis des personnes âgées et des enfants qui reviennent de l'école.

La pharmacie et ses blouses blanches qui me voient débarquer affolé à chaque fièvre d'Alban.

Puis au bout de l'esplanade, le coiffeur pour dames où je vais parfois me faire raccourcir les cheveux.

Et face à tout ce petit monde, un magnifique cerisier.

Au printemps, nous marchions sur les fleurs, il donnait à l'environnement, des airs d'estampes japonaises.

Lorsque ses fruits étaient à maturité, les enfants prélevaient leur obole.

Mon fils a fait ses débuts à vélo et mangé le fameux chiken chika à la mayonnaise en face du vieil arbre.

Un matin, je suis monté au centre commercial et il ne restait plus que la souche du cerisier.

J'ai mené mon enquête pour découvrir les raisons de la disparition de notre vieux complice.

Les commerçants m'ont expliqué qu'il gênait la vue des devantures de leurs magasins.

Maintenant, il n'a plus la même tête mon petit centre commercial ! Il a perdu du relief. Plus d'enfants sur la pelouse cherchant des cerises à portée de main.

La vie est une rude histoire, lorsque après avoir durant des décennies abrité et nourri des enfants on se retrouve à terre pour avoir caché une vitrine ou deux.

Pour moi c'est lui qui attirait le regard des badauds lorsqu'il était en fleur. Il nous donnait envie de s'attarder et quand on s'attarde, bé...on consomme.

La dernière fois, en passant, j'ai vu une pancarte devant la souche vantant l'échoppe d'un commerçant.

M'est avis que le modeste écriteau, attirera bien moins le regard que la douceur des fleurs roses...